lunes, 23 de agosto de 2010

Cette frénésie ressemble au capoeiragem des Nègres brésiliens

PASG.902

LA TERRE A VOL D'OISEAU.

Vers 1800 ces indigènes, encore barbares, cannibales peut-être, parlaient plusieurs langues; à cette heure ils cultivent paisiblement le café; ils apprennent le malais plutôt que le hollandais, auquel les maîtres qui le parlent n'ont point créé de royauté dans ces îles malgré deux cents ans de domination. Dès que le pouvoir lui échappera, la Hollande sera moins visible que le Portugal dans la plupart des « îles merveilleuses ». Le niveau malais a passé sur la plupart de ces insulaires, qui usent maintenant presque tous du malais et qui presque tous sont devenus musulmans. Mais cette uniformité d'apparence cache des diversités de race, et en tel recoin du pays le malais hérite de trente langues parlées par des tribus qui n'étaient point malaises. Les traits, la taille, toute l'habitude du corps montre que Boughis portés au négoce, Macassars et autres nations de l'île se rattachaient clans l'origine à la même famille que les Dayaks de Bornéo, les Battaks de Sumatra, les divers Ilaraforas ou Àlfoures, c'est-à-dire aux Papous et Polynésiens, autrement grands, beaux et généreux que les Malais petits, laids et rusés. Devenus donc ou devenant Malais par les croisements, par les dialectes, les gens de Célèbcs courent" souvent l'amoc. Courir l'amoc, c'est prendre un kriss, poignard tortu, et bondir dans la rue en hurlant : Àmoc ! amoc ! puis tuer hommes, femmes, enfants, vieillards, animaux; mais le peuple s'amasse, il poursuit le fou sanglant et l'abat comme un chien. A Macassar on court, ce dit-on, l'amoc une ou deux fois par mois. Cette frénésie ressemble au capoeiragem des Nègres brésiliens qui, eux aussi, se lancent parfois, l'arme à la main, dans la ville.
Fuente: Título : La Terre à vol d'oiseau, par Onésime Reclus,...

Autor : Reclus, Onésime (1837-1916)
Editor : Hachette (Paris)
Fecha de publicación : 1886 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5446505q.r=CAPOEIRAGEM.langES.textePage